1. Accueil
  2.  » 
  3. Ligue suisse
  4.  » 
  5. Actualité suisse
  6.  » 
  7. Evénements
  8.  » Décès de notre présidente, Doris Leuenberger

Décès de notre présidente, Doris Leuenberger

par | 10 juillet 2018 | Evénements

 

Hommage à Me Doris Leuenberger

 

Texte de DINA BAZARBACHI, avocate, paru dans Le Temps le

Brillante avocate genevoise, Me Doris Leuenberger s’en est allée le 28 juin dernier. Elle était Présidente de la Ligue suisse des droits de l’homme et coprésidente de la section genevoise, membre fondateur de l’association Mesemrom et ancien membre du comité de l’association Ichoba pour la régulation des conflits familiaux.

Elle a entamé sa carrière en tant qu’avocate stagiaire à la Cour de Justice, à une époque où les juges étaient vêtus en queue-de-pie. Après l’obtention de son brevet d’avocat en 1982, elle a immédiatement pratiqué le barreau en qualité d’indépendante. La défense chevillée à l’âme, elle a pratiqué son métier avec rigueur et passion, d’abord au pénal. Ses plaidoiries, déclamées de sa voix claire, étaient comme elle: sobres, profondes et terriblement percutantes. Dans ce domaine, elle s’est fait notamment connaître en assurant la défense difficile de celui que la presse avait surnommé l’étrangleur à la cravate. Audience électrique où elle a osé, malgré l’interdiction qui lui en était faite par le Président de la Cour d’Assises, quitter le prétoire parce que les droits de la défense n’étaient pas garantis dans le procès. Profondément éprise de justice et dotée d’une très haute idée de ce que réclame la dignité humaine, elle a mis sa force, son intelligence et sa détermination au service de la défense des droits des personnes détenues, l’un de ses nombreux combats, ce qui l’a poussée à assister à l’étranger à de nombreux procès en qualité d’observateur pour la FIDH.

Elle a ensuite mis ses excellentes connaissances juridiques à la disposition de tous ceux et celles qui étaient dans la détresse, détenus administrativement sur la base de la loi fédérale sur les étrangers, ou criminalisés en raison de leur grande pauvreté, comme les Roms. De là-haut, elle saluerait l’abolition du délit de solidarité prononcé ces derniers jours par le Conseil constitutionnel français. Convaincue que les liens qui relient et soutiennent les individus sont leurs seules richesses, elle a activement participé aux travaux présidant à l’adoption de la charte de l’Association Ichoba, oeuvrant ainsi à la protection des enfants dans les désunions, et offrant aux familles en recomposition un espace où tous pouvaient être entendus et respectés.

Son entourage professionnel reconnaît en elle une avocate intelligente, audacieuse, respectueuse des lois qu’elle ne cessait de questionner, et profondément humaine ; une fine juriste pourvue d’un redoutable sens de la repartie.

Ses amis et sa famille louent un être passionné, d’une élégance rare, bienveillant et généreux, qui a partagé avec eux sa joie de vivre et son goût pour la fête.

Me Doris Leuenberger était une femme exceptionnelle dont le souvenir et les magnifiques valeurs resteront gravés chez tous ceux et celles qui ont eu la chance de croiser son chemin.