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Les prisons de la misère revisitées. Panique sécuritaire, insécurité sociale et immigration en Europe

par | 19 mars 2011 | Evénements

 

Loïc Wacquant, sociologue français disciple de Pierre Bourdieu, professeur à l’Université de Berkeley, écrit en 1999 « Les Prisons de la misère » (voir ci-dessous). Il y analyse le fonctionnement déviant des institutions policières et judiciaires aux Etats-Unis, dénonçant le taux d’emprisonnements qui ne cesse de grimper, les aides sociales perpétuellement viciées, la criminalisation de la misère comme stratégie pour réguler le chômage et influer sur les élections. « A l’atrophie délibérée de l’État social correspond l’hypertrophie de l’État pénal » écrivait-il alors.

A travers une conférence organisée par la section genevoise de la Ligue suisse des droits de l’homme et le Théâtre Saint-Gervais, le sociologue propose de revisiter son ouvrage et d’aborder le thème de la panique sécuritaire, entretenue selon lui par les politiciens pour masquer l’insécurité salariale.

Plus d’infos: téléchargez le flyer

« Dénonciation des « violences urbaines », quadrillage intensifié des quartiers dits sensibles, répression accrue de la délinquance des jeunes et harcèlement des sans-abri, couvre-feu et « tolérance zéro », gonflement continu de la population carcérale, surveillance punitive des allocataires d’aides : partout en Europe se fait sentir la tentation de s’appuyer sur les institutions policières et pénitentiaires pour juguler les désordres engendrés par le chômage de masse, l’imposition du salariat précaire et le rétrécissement de la protection sociale.

Cet ouvrage retrace les voies par lesquelles ce nouveau « sens commun » punitif, élaboré en Amérique par un réseau de think tanks néo-conservateurs, s’est internationalisé, à l’instar de l’idéologie économique néo-libérale dont il est la traduction en matière de « justice ». Le basculement de l’État-providence à l’État-pénitence annonce l’avènement d’un nouveau gouvernement de la misère mariant la main invisible du marché du travail déqualifié et dérégulé au poing de fer d’un appareil pénal intrusif et ominiprésent.

Les États-Unis ont clairement opté pour la criminalisation de la misère comme complément de la généralisation de l’insécurité salariale et sociale. L’Europe est aujourd’hui confrontée à une alternative historique entre la pénalisation de la pauvreté et la création d’un État social continental digne de ce nom. » (Raisons d’Agir)